dimanche 28 avril 2013

Arrêtez-moi ça!


Savoir conduire c'est aussi savoir se conduire.

Je crois que je vais commencer à prendre des notes  afin de documenter toutes les bêtises que je vois sur la route. Ma foi, les gens deviennent cinglés. Il y a d'une part tous ceux qui exigent que leur droits soient respectés sans aucune flexibilité et il y a d'autre part, ceux qui tirent l'élastique autant qu'ils le peuvent en prenant des chances sur les routes au détriment de la sécurité d'autrui, de la leur, aussi au détriment du respect et de la courtoisie à laquelle on s'en remet pour atteindre une certaine harmonie dans le partage du réseau routier. 


Il faut réaliser que le nombre d'usagers de la route a augmenté et va sans cesse gagner du terrain. De plus il est peu probable que le réseau des routes, surtout en milieu urbain, puisse prendre assez d’expansion pour faire disparaître les bouchons de circulation aux heures de pointe. Combiné à la densité toujours plus forte de la circulation, il y a le stress que le quotidien impose à une masse grandissante de travailleurs, ces mêmes conducteurs qui sont dans le trafic. Ces deux éléments, à eux seuls, forment un mélange instable potentiellement explosif! La population a avantage à prendre connaissance de cette réalité et de bien la comprendre car je remarque une recrudescence d'agressivité et même de violence de la part de conducteurs à la mèche courte! 


Encore ce matin, l'étincelle qui m'a fait écrire le présent texte, je suis sur la première avenue, arrondissement Charlesbourg, une camionnette s'engage pour tourner à gauche, donc doit couper la circulation inverse qui attend à un feu rouge. Il y a tout juste la place pour qu'il traverse la première voie entre deux autos et un autre véhicule arrive dans la seconde voie mais ne ralentit pas puisque son feu vient de tourner au vert. La camionnette continue, l'auto freine brusquement. Conflit. Ni l'un ni l'autre des conducteurs n'a envie de tendre la main pour laisser passer l'autre. Ils s'offrent  plutôt mutuellement des injures. Je vois l'un d'eux postillonner de l'écume tant il est fâché.

Cette semaine, coin Bouvier et avenue des Replats : arrêt obligatoire dans les quatre directions tous ont des voies doubles, aucun feu de circulation. Je travaille tout près et je peux vous dire que cette intersection est souvent le point de départ d'une «course à la claque sur la gueule» et de la «symphonie des klaxons». Deux automobilistes s'avançaient doucement, réclamant chacun sont droit de passage sans vouloir céder à l'autre et à la lenteur d'un escargot, je vous jure, ont presque touché leur pare-chocs tant ils ne voulaient pas céder à l'autre. Klaxons, doigts d'honneurs, poings levés et visiblement des cris à s’époumoner furent les seuls éléments de communication que j'ai pu observer. Les deux se sont engagés sur la bretelle de l'autoroute l'un  talonnant l'autre pour continuer de le narguer. Je n'étais pas le seul à être impressionné de la situation puisque tous les autres automobilistes sont restés à l'arrêt tant que les deux «combattants» n'ont pas disparus sur l'autoroute.  

Il y a une chose qui m'intrigue lorsqu'il existe des points névralgiques du genre de cette intersection. C'est que je n'ai jamais vu de policiers aux aguets à cet endroit. Je passe quotidiennement à cette intersection et en plus des manifestations d'agressivité, il y en a qui font la démonstration claire qu'ils ne connaissent pas le concept de «l'arrêt».

Je repense à l'individu de ce matin qui n'a pas pu assouvir son intense envie de se battre comme un animal. Je l'imagine très bien se vanter à qui veut l'entendre «qu'il aurait bien réglé le cas» de l'autre gars. Cependant, il véhicule un message qui est perçu par ses enfants (ah oui, il y avait des enfants derrière) comme étant l'exemple donné par papa. Et si dans dix ans, son fils revient à la maison, la mâchoire cassée et le nez en bouillie parce qu'il a recréé l'image que son père lui a enseignée, qui sera gagnant? Qui bénéficiera de la «leçon»? Voyons donc, il n'y a aucune valeur ajoutée à transformer une situation de circulation en bagarre. La route n'est pas une arène où l'on cherche à briser d'autres gens. L'image projetée par ces comportements banalise la violence et l'irrespect, j'irais jusqu'à dire qu'elle la rend accessible et acceptable, ce qui est inadmissible.

J'expose ici que deux exemples vécus et je pourrais continuer des pages et des pages durant. Je pourrais parler des automobilistes qui ne comprennent pas qu'un gros transporteur routier ne peut pas freiner et accélérer comme une auto mais ils sont aussi des usagers de la route. Je pourrais parler des automobilistes versus les motocyclettes et vice-versa. Et je pourrais user mon clavier à parler de la relation entre les piétons, les cyclistes et, nouvellement, les fameux fauteuils électriques ou encore des «skate-boards>».

Pour ma part, je réalise que la route est un milieu en changement et je participe à ce changement en redoublant de courtoisie et de compréhension envers autrui. Pas juste envers les bons conducteurs, ça serait trop facile. Je m'applique à améliorer mon comportement également envers les gens qui sont pressés, à être indulgent envers ceux que je trouve stupides et concilient envers ceux qui ne devraient pas avoir un permis de conduire. Au fond de moi, tout de même, j'aimerais bien voir un de ces ternes personnages répondre de ses actes devant les gyrophares...

Alex Arseneau
27 avril 2013
(Illustration de 
Erwin Wirapratama)


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